Michel Vakaloulis, sociologue et maître de conférences en sciences politiques à l’université Paris VIII, décrypte l’impact sur la Grèce des politiques d’austérité menées depuis deux ans dans le pays. «Les politiques d’austérité détruisent l’humain au sens propre du terme.»
(Propos recueillis par Benjamin Sèze, Témoignage chrétien, n°3501 du 12 juillet 2012)
La Grèce est devenue un laboratoire des politiques d’austérité en Europe. Nous assistons à l’affaissement d’une société qui comporte plusieurs aspects. Le premier est la fin du cycle politique qui existait en Grèce depuis la chute de la dictature des colonels (1974). Le bipartisme qui dominait la scène politique et recueillait entre 80 et 85% de l’électorat, s’est écroulé en l’espace de deux ans et demi. Les socialistes du Pasok ont ainsi chuté de 43,9% en 2009 à 12,3% aux élections du 17 juin dernier, et le parti de droite conservatrice Nouvelle démocratie, qui a toujours été autour de 35-40%, a obtenu moins de 30% des voix. En revanche, la gauche radicale, Syriza, est passée de 4,6% en 2009 à 26,9% aux dernières élections. Cette multiplication par six de l’audience partisane est un phénomène inédit en Europe.