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Un entretien avec Michel Vakaloulis

Dans une tribune parue dans Le Monde du 12 mai 2022, vous signez un texte collectif qui met en évidence le lien entre la hausse des prix de l’électricité et l’ouverture du secteur de l’énergie à la concurrence. Dans ce contexte, comment trouver du sens à son travail lorsqu’on est jeune salarié dans les Industries électriques et gazières ?

Michel Vakaloulis – Le bilan de la libéralisation du secteur de l’énergie est négatif aussi bien pour l’avenir du service public que pour l’ensemble des travailleurs de la branche. Le découpage des entreprises historiques fragilise la cohésion sociale et détériore les conditions de travail. La désoptimisation d’un système productif auparavant intégré suscite la déception et le découragement. L’externalisation des activités qui vide les effectifs statutaires ainsi que la filialisation de certaines branches participent à la perte progressive de la référence identitaire commune.

Ces évolutions contrastent avec les aspirations profondes des jeunes salariés qui sont en quête de sens et de reconnaissance dans l’entreprise. Leur adaptation dans le nouveau paysage énergétique où les repères traditionnels sont en déperdition se fait par tâtonnements et hésitations. Leur acceptation du changement ne rime pas avec démolition. Même si leur culture professionnelle n’est pas celle des anciennes générations, ils partagent avec leurs ainés le même socle de valeurs : faire un travail de qualité, s’épanouir dans le métier, s’engager au service des autres. Le sentiment d’utilité contributive (« apporter sa petite pierre à l’édifice ») rejaillit sur les motivations des jeunes salariés et participe directement à la construction du sens dans le travail.

Du reste, la conquête de la professionnalité constitue le grand défi à la fois pour forger une identité au travail et s’impliquer pleinement au sein de l’entreprise. L’apprentissage dans le métier, la diversité des tâches effectuées, l’autonomie dans la gestion de l’activité professionnelle et la perspective de monter en compétences et en responsabilités renforcent l’intégration des jeunes dans l’entreprise. Réussir des épreuves techniques, travailler dans une équipe conviviale, interférer avec d’autres collectifs dans un esprit de collégialité confère du sens à l’investissement autour d’un projet commun.

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Par Michel Vakaloulis

Qu’est-ce que le droit à l’énergie ? C’est le droit pour toute personne de pouvoir disposer d’un minimum d’énergie quelle que soit sa situation financière. C’est un droit universel qui devrait s’appliquer sur l’ensemble du territoire national, voire au niveau mondial sans discriminations. Dans sa conception même, il fait partie des droits républicains contemporains qui conditionnent l’accès à la modernité démocratique. La légitimité du droit à l’énergie repose sur la conviction partagée selon laquelle chaque être humain devrait pouvoir vivre décemment, ce qui signifie « ne pas vivre avec une bougie » ou « à la lueur de la lumière naturelle », voire « ne pas vivre dans le noir ».

À l’instar de l’accès aux soins médicaux, le droit à l’énergie devrait figurer parmi les droits fondamentaux de l’homme. Il investit pour ainsi dire une connotation existentielle. Son affirmation concerne indistinctement tout être humain. Appliqué à une frange de la population, ne serait-elle majoritaire, il cesse d’être un droit pour devenir un avantage social, sinon un privilège. Il serait alors injuste de considérer que certaines personnes n’ont pas droit à l’énergie parce que leurs moyens financiers sont insuffisants. Admettre une telle situation revient à accepter des discriminations en matière d’accès réel à l’énergie. Si l’on s’accorde que le droit à l’énergie n’est pas un slogan creux mais un engagement de solidarité nationale, une telle tâche est parfaitement à la portée de l’action publique et citoyenne.

Dans les sociétés de la modernité avancée, le droit à l’énergie ne représente pas une question annexe des politiques de la lutte contre les « exclusions », mais désigne un besoin vital des citoyens « aussi nécessaire que l’oxygène pour respirer ». Il est devenu un impératif d’accès universel à la vie sociale moderne, une surdétermination majeure du droit de vivre dignement dans son époque et sur son territoire. Cela serait un acte de discrimination désocialisant, le désaveu du principe égalitaire de la République, la condamnation illégitime d’une frange de la population à une sorte de sous-existence.

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28 Minutes est le magazine d’actualité d’ARTE, présenté par Elisabeth Quin. Avec Bessora, écrivaine et présidente du Syndicat national des auteurs et des compositeurs, Armin Arefi, journaliste grand reporter au “Point” et Michel Vakaloulis, enseignant-chercheur en science politique.


Comment penser la percée du télétravail dans le cadre de la crise sanitaire ?

Michel Vakaloulis – La définition du télétravail se prête à de multiples interprétations qui rendent sa mesure compliquée, voire confuse. On peut retenir ici comme télétravail toute activité salariée réalisée hors des locaux de l’employeur, de manière occasionnelle ou régulière, mais connectée aux lieux de travail habituels par des moyens de télécommunication. L’essor des technologies numériques est à la fois un support et un accélérateur du développement du travail à distance.

Dans le contexte de la crise sanitaire qui sévit actuellement, le télétravail a fait un grand bond en avant. Sa progression fulgurante est observable y compris au sein des entreprises et des métiers où il n’avait pas auparavant droit de cité. Nous venons de vivre lors du confinement une conversion massive, quoique contrainte, au télétravail non seulement dans le secteur tertiaire mais aussi dans le domaine de l’industrie. En même temps, l’impact du télétravail est différent selon les métiers, les services, voire les postes de travail. Chargés d’affaires en informatique et techniciens de maintenance, agents statutaires et salariés sous-traitants n’ont pas forcément vécu la même expérience et n’exercent pas leur activité sous la même enseigne.

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Entretien avec Philippe Page Le Mérour

Cet entretien avec Philippe Page Le Mérour a été réalisé le 26 octobre 2020. Philippe Page Le Mérour est secrétaire du Comité Social et Economique Central (CSEC) d’EDF SA.

Entretien réalisé et restitué par Michel Vakaloulis, relu et amendé par Philippe Page Le Mérour

La crise sanitaire qui entraine dans son sillage une crise économique de grande ampleur met en exergue la nécessité de réindustrialiser le pays. La reconquête de la souveraineté industrielle et sanitaire est un enjeu absolument stratégique. Dans ce contexte, quel est le rôle d’EDF en tant qu’acteur industriel majeur dans le secteur de l’énergie ?

Philippe Page Le Mérour

Philippe Page Le Mérour — EDF a deux cartes essentielles à jouer pour le pays qui demandent des décisions urgentes. La première est qu’elle puisse être l’acteur qui assure l’énergie indispensable de demain pour répondre aux besoins domestiques et industriels liés à l’évolution de la démographie et au progrès social, mais aussi, pour accompagner la relocalisation des activités productives. Il ne s’agit pas de sujets nouveaux, mais la crise de la Covid 19 rend visible et accentue le besoin impérieux de produire à nouveau sur le territoire national un certain nombre de produits manufacturés.

C’est d’ailleurs une question qui se pose avec acuité puisqu’on aborde un hiver où le réseau électrique sera tendu alors même qu’on se trouve au milieu d’une crise économique sans précédent. Le risque de pénurie d’électricité, voire de délestage est désormais annoncé par RTE. Le modèle productif fondé en 1946 pour répondre à la consommation énergétique du pays en adaptant la production à la demande en consommation n’est plus d’actualité, hélas ! Aujourd’hui, dans un renversement de situation, on tente péniblement d’adapter la consommation à la production.

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Par Sylvain DELAITRE, Jean-François BOLZINGER, Michel VAKALOULIS

Au vu de tant d’atouts et de promesses, allant des opérations chirurgicales à distance et de la télé-conduite de véhicules jusqu’aux usines connectées et à la digitalisation de l’éclairage public ou de la collecte des déchets, on ne peut que s’interroger sur l’ampleur des réticences que suscite l’avènement de la 5G. Celles-ci tournent autour de l’impact sur la santé et des conséquences sur la consommation d’énergie. Plutôt que s’enfermer dans un débat théorique et paralysant sur « pour ou contre la 5G », n’y a-t-il pas l’opportunité de repenser le modèle de télécoms numériques tel qu’il fonctionne ?

L’impact sur la santé : une exigence fondamentale

Comme à l’accoutumée, les dirigeants postulent qu’il n’y aura aucun impact sur la santé et qu’il n’y a pas lieu d’évaluer quoi que ce soit. L’évaluation a un coût qui indispose les actionnaires. Cette attitude de passage en force est perçue comme méprisante et suscite une défiance croissante à l’égard des instances politico-industrielles. L’expérience vécue dans l’industrie de la santé est pourtant probante. Grâce aux lanceurs d’alertes, à des mobilisations sociales et sociétales liées à des scandales à répétition, à des recours juridiques systématiques visant les responsables économiques et politiques impliqués dans des pratiques délictueuses, l’industrie du médicament a été amenée à bouger. Obligation légale est faite aux industriels de procéder à une évaluation des nouveaux médicaments avant commercialisation avec un suivi après mise sur le marché, exposant l’industriel à se voir retirer son autorisation, voire à ce que son produit soit déremboursé par la Sécurité sociale en cas d’alerte sérieuse.

En deux décennies, la défiance à l’égard des médicaments a eu tendance à chuter et les explications fournies aux patients sont de plus en plus pertinentes. Pourquoi l’industrie de télécoms ne modifierait pas, elle aussi, son modèle socio-économique ?

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Un entretien avec Michel Vakaloulis, dans Eclairages, Le magazine du Comité Social et Economique Central EDF SA, n°1, dossier spécial « Crise sanitaire COVID 19 à EDF », juin 2020.

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Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire actuelle ?

Michel Vakaloulis - Stade de FranceMichel Vakaloulis – Nous traversons une épreuve historique inédite. Une crise conjointement sanitaire, économique, sociale. On est frappé par l’impréparation des pouvoirs publics face à la pandémie après des décennies de détricotage des protections sociales, mais aussi, par la résilience et la solidarité des citoyens face au violent choc du confinement. Sans oublier les travailleurs en première ligne dont la mobilisation exceptionnelle dans les secteurs de la santé, des transports, de la distribution ou de l’énergie a fait tenir le pays debout. Quel renversement de situation que de découvrir, si besoin était, la centralité de ces métiers sans-grade, vitaux pour la collectivité mais longtemps méprisés, dévalorisés, précarisés !

C’est le retour du réel qui cogne fort contre l’irrationalité d’un régime économique qui repose sur l’institution de l’insécurité et la privatisation des normes du vivre ensemble sur fond de gestion court-termiste. On constate aujourd’hui que le prix à payer pour la destruction « touche par touche » de la chose publique est incalculable. D’où l’urgence de construire collectivement des gestes barrières pour se protéger des dégâts d’une financiarisation mortifère.

Quel serait l’éventuel impact de cette crise à EDF ?

Michel Vakaloulis – En tant qu’acteur majeur du service public de l’énergie, EDF doit tenir son rang et assumer pleinement ses responsabilités dans la lutte pour le redressement du pays. Il ne suffira pas de colmater les brèches ni a fortiori de poursuivre la fuite en avant dans la libéralisation et la désintégration de l’entreprise. Il faut apprendre à se réinventer, à retrouver des ambitions stratégiques dans le cadre de la transition énergétique. Ce qui va ressurgir en arrière-plan de la crise est encore imprévisible, mais désormais, certaines priorités peuvent être identifiées.

D’une part, il faut refonder le pacte social de l’entreprise. L’engagement dévoué et responsable au travail des électriciens, malgré les contraintes du confinement, requiert une politique de reconnaissance conséquente en matière de rémunération, de professionnalisation, de qualité de vie au travail. A ce propos, la généralisation du télétravail pendant la crise sanitaire mérite d’être analysée de près à la fois dans ses effets immédiats et dans ses conséquences structurelles dans un contexte de transformation digitale des métiers.

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Michel Vakaloulis est invité du Journal de 13h de France 24 (17 février 2020)

Entretien avec Michel Vakaloulis paru dans Partir, revue de l’Association Nationale de Coordination des Activités de Vacances, Sport et Culture (ANCAV-SC), janvier 2020.

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Il faut réinventer les pratiques syndicales

 

Près de soixante-quinze ans après leur création, les CE sont profondément transformés. Quelles conséquences pour leurs missions ?

Michel Vakaloulis – Le basculement vers un nouveau système de représentation, suite aux Ordonnances Travail du 22 septembre 2017, suscite beaucoup de tensions et d’inquiétudes. En règle générale, les élus du personnel voient bien ce qu’ils risquent de perdre, mais discernent mal ce qu’ils pourraient gagner. La conviction d’être sur la pente glissante du moins disant social est largement ancrée dans les esprits. Si le CSE permet aux directions d’entreprise de « simplifier » le dialogue social et « d’alléger » le système représentatif du personnel, il tend au contraire à complexifier les tâches du militantisme de proximité. Ce qui constitue pour les uns un principe de « fluidité » se présente pour les autres comme une contrainte supplémentaire.

La disparition des anciennes instances qui permettaient de former des « pépinières militantes », la diminution des heures de délégation et du nombre des élus, le risque de saturation du CSE qui capitalisera l’ensemble des problématiques CE, CHSCT, DP sont susceptibles de court-circuiter les liens effectifs de proximité avec les salariés. Or, c’est la profondeur et la consistance de ces liens qui constituent le réservoir de la puissance des représentants du personnel dans l’entreprise.

Quel impact sur la gestion des activités sociales et culturelles (ASC) ?

Michel Vakaloulis – La conjoncture actuelle est sans doute parsemée d’embûches et d’obstacles. Mais elle est aussi une occasion de préparer les activités sociales de demain dont le potentiel d’action et d’innovation est largement inexploité. Cela présuppose une politique « proactive » pour les inscrire dans la vie réelle des salariés au lieu de se contenter de les redistribuer « derrière le guichet » sous forme de quote-part aux bénéficiaires. Dans cette bataille d’émancipation au quotidien, les activités sociales peuvent servir de base pour reconstruire des systèmes solidaires de partage et d’ouverture au monde.

Le CE était un des derniers lieux d’émancipation pour les salariés. Le CSE peut-il jouer ce rôle ?

Michel Vakaloulis – Le CSE sera-t-il une occasion pour militer autrement ? Tout dépend de la capacité du syndicalisme de se redéployer dans le nouveau contexte institutionnel et réglementaire en sortant de ses « zones de confort ». Il faut d’abord retrouver les voies et le temps de la réflexion prospective. C’est la condition indispensable pour dresser des diagnostics pertinents et apporter des réponses adéquates. A défaut d’anticipation, les élus du personnel seront condamnés à se battre « au pied du mur ». Un simple travail de réactualisation ne suffit pas, l’intervention syndicale doit renouer avec l’ambition stratégique de peser sur le cours des choses.

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Por qué los franceses rechazan la reforma en las pensiones, Radio France Internationale, 16/12/2019

Why the French reject pension reform (english version)

Por Orlando Torricelli

En Francia, el proyecto de reforma de las jubilaciones ha generado una gran ola de protestas. Objeto de profundo desamor, esta reforma pareciera cristalizar todos los descontentos de la sociedad francesa, no solo los temores de pérdida de poder adquisitivo, sino también la posibilidad de proyectarse al futuro. Sumado a una desconfianza creciente en los representantes políticos y el estado.

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Michel Vakaloulis, economista, doctor en filosofía y profesor de Ciencias políticas en la Universidad de París 8 explica: ‘La reforma de las jubilaciones cristaliza diversas inquietudes, más allá de la cuestión de la capacidad de proyectarse en el futuro. En primer lugar, el poder de compra. Inquietud frente al hecho de que, no solo en Francia sino a nivel europeo e internacional, asistimos a un desmoronamiento de los puntos de referencia tradicionales: a la vez la economía, las instituciones del estado, lo que antes se llamaba ‘social’…, los puntos de anclaje tradicionales…, la desaparición del sistema salariado es muy significativa, con la uberización de sectores enteros de la economía.

Los puntos de anclaje se fragilizan o simplemente desaparecen. En consecuencia, la cuestión de las jubilaciones, la capacidad de proyectarse en el futuro; cristaliza una serie de inquietudes de orden económico, social y también político. En el sentido de la confianza que merece el estado y su capacidad de integrar a toda la gente, garantizándoles una vida social digna de ese nombre’.

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Un entretien avec Michel Vakaloulis, 100% Energies, n°904, trimestriel de la CFE Energies, printemps 2019

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Qu’est-ce qu’on peut retenir de la mobilisation des gilets jaunes ?

Michel Vakaloulis – La force événementielle du mouvement des gilets jaunes échappe aux catégories habituelles et suscite une crise d’interprétation. Mouvement protéiforme, inclassable et persévérant, il interpelle l’ensemble de la société au-delà de son socle initial. Ce sursaut populaire est marqué par de fortes exigences d’égalité, de justice et de démocratie, mais aussi, par des hésitations sur la marche à suivre et des contradictions inhérentes. Il montre surtout que la résignation face à la dégradation de la situation sociale n’est pas une fatalité. Et qu’il est toujours possible de surmonter le sentiment d’impuissance dans l’immédiat pour renouer avec des grandes espérances d’avenir. Cette onde de choc contestataire, dont les effets différés sont loin d’être clairement perceptibles, met au défi les « corps intermédiaires » de se renouveler ou de disparaître. L’ironie de l’histoire est que les mobilisations des gilets jaunes portent, en grande partie, sur des thèmes qui relèvent traditionnellement du champ de l’action syndicale, à l’instar de l’augmentation du pouvoir d’achat.

Peut-on se passer de syndicats dans une démocratie et leur substituer, par exemple, des mouvements spontanés de salariés ou de citoyens ?

Michel Vakaloulis – Le syndicalisme est un mode d’organisation et de mobilisation collective du salariat. À chaque période historique, certaines formes de libre association des travailleurs se constituent ou se reconstruisent en fonction des rapports de production dominants, en fonction aussi des combats menés. Les transformations du capitalisme entraînent un changement de la forme syndicale, mais cette évolution est un défi éprouvant et durable. Le réajustement du syndicalisme à la nouvelle donne d’un salariat multipolaire et éclaté se fait à coups d’essais et d’erreurs. Mais aucune organisation syndicale ne peut prétendre aujourd’hui avoir un boulevard devant elle.

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TV5 Monde, 64′, Le Grand Angle, 5 décembre 2019

Le Grand Angle est consacré au « Jeudi noir » en France avec le syndicaliste belge Claude Rolin en direct de Bruxelles, Roland Lescure député LREM de la 1ère circonscription des Français établis hors de France et Michel Vakaloulis, sociologue et spécialiste des mouvements sociaux.

 

Avec: Michel Vakaloulis – Le Live BFM, lundi 4 novembre 2019, BFMTV.

 

Depuis deux semaines, la mobilisation des gilets jaunes marque le pas. Malgré tout, elle est devenue une rituelle tous les samedis. Comment résumer ce mouvement des gilets jaunes qui durent depuis des mois? Peut-on prévoir sa fin? Quel impact a-t-il sur les décisions gouvernementales?

Michel Vakaloulis, maître de conférences en science politique – Week-end Direct, du samedi 11 mai 2019, présenté par Perrine Storme, sur BFMTV.

 

 

 

Η παρακμή του φιλελευθερισμού (Le déclin du libéralisme)

Συζήτηση του Κώστα Βεργόπουλου και του Μιχάλη Βακαλούλη με τον Immanuel Wallerstein, Μεταμεσονύκτιες Εκδόσεις, Αθήνα, 2019.

« Η ιλιγγιώδης πτώση του φιλελευθερισμού ως ενοποιητικής πολιτικής ύλης συνεπάγεται αυτόματα την αμφισβήτηση των επιστημολογικών βάσεών του. Το βλέπουμε αυτό εδώ και είκοσι χρόνια, από κάθε πλευρά. Η διάκριση αυτών των τριών σφαιρών που υποτίθεται ότι είναι αυτόνομες – πολιτική, οικονομική, κοινωνικο-πολιτιστική – είναι μια ομίχλη που μας εμπόδιζε να δούμε τι όντως συμβαίνει. Το βέβαιο είναι ότι δεν διαθέτει πλέον αποδεικτική αξία. Δεν είναι όμως το ίδιο εύκολο και να αντικατασταθεί. Βρίσκεται κανείς συνδεδεμένος με τις δομές σκέψης, κι ακόμη περισσότερο με τους θεσμούς της γνώσης της φιλελεύθερης εποχής. Θα χρειαστεί λοιπόν μεγάλη προσπάθεια ώστε να βρεθούν διαφορετικές βάσεις, πιο αποτελεσματικές για την επιστημονική μας γνώση. Πρόκειται για μιαν από τις πιο ακανθώδεις αλλά και ουσιαστικές αποστολές που έχουμε μπροστά μας. » (Immanuel Wallerstein)

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Un entretien de Michel VakaloulisLe journal des activités sociales de l’énergie, mars-avril 2019.

Les activités sociales mettent en avant la rencontre, le partage et la solidarité, des notions dont on parle beaucoup en ce moment. Comment comprendre leur actualité ?

Michel Vakaloulis – Depuis leur création, les activités sociales de l’énergie contribuent à démocratiser l’accès à certaines pratiques en matière de vacances, de loisirs, de culture au sens large du terme. C’est une façon de rééquilibrer humainement l’univers contraignant de l’entreprise et de s’ouvrir à la diversité du monde. L’agent n’est pas considéré comme un simple « facteur de production », il est aussi un être intégral qui aspire à se divertir et à s’épanouir. Les activités sociales constituent une liberté fondamentale qui permet aux bénéficiaires de créer des liens solidaires et de nouer de nouveaux rapports de sens. Cet aspect acquiert une signification particulière au moment où les espaces de convivialité et de communication ne cessent de se rétrécir au sein de l’entreprise. Face aux dislocations qui traversent les lieux de travail, les activités sociales représentent le dernier lieu où les agents de différentes unités des IEG (Industries Électriques et Gazières) peuvent se rencontrer, où il est encore possible de fédérer, ne serait-ce que symboliquement, le « peuple de l’énergie ».

Quelles sont les limites de ce modèle social où s’exprime une volonté créatrice de liens solidaires ?

Michel Vakaloulis – Les limites sont de plusieurs ordres. D’abord, les activités sociales de l’énergie ne sont plus en position de « monopole » mais directement en concurrence avec une offre diversifiée et facilement accessible du secteur marchand à des prix souvent alléchants. Ensuite, même si la légitimité de ces activités reste forte, il est nécessaire de redéployer l’offre pour élargir le champ des bénéficiaires et pour mettre en œuvre des projets qui sont en adéquation avec les nouvelles aspirations sociales. Cela oblige sans doute de revoir certaines priorités, de redéfinir la répartition budgétaire des ressources disponibles, de reconsidérer certains choix et arbitrages collectifs. Enfin, la compréhension des enjeux et des problématiques de la nouvelle étape des activités sociales de l’énergie exige une réflexion collective au-delà du strict périmètre des « gestionnaires ». Cette démarche collaborative et délibérative est indispensable pour approfondir la démocratie dans les activités sociales.

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« Les nouveaux défis de la Démocratie », TV5MONDE, 1er mars 2019, avec Guillaume Villemot, vice-président du Mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre, et le sociologue spécialiste des mouvements sociaux et du syndicalisme Michel Vakaloulis, invités du journal International.

Les gilets jaunes se sont rassemblés ce dimanche pour marquer les 3 mois du mouvement. Le mot d’ordre des organisateurs pour ce « dimanche jaune » est de rester pacifique. Beaucoup d’entre eux veulent notamment revenir aux origines du mouvement. 

Priorité au décryptage, dimanche 17 février 2019, émission présentée par Philippe Gaudin, sur BFMTV. Débat avec: Jannick Alimi, rédactrice en chef adjointe au service Politique du Parisien. Michel Vakaloulis, sociologue et spécialiste des mouvements sociaux. Pascal Jalabert, rédacteur en chef des journaux du Groupe EBRA. Guillaume Farde, spécialiste des questions de sécurité. Et Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail. 

 

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Joan Miro – Constallation (1933)

Quel est le regard que les élus territoriaux portent sur le rôle et les fonctions qu’ils remplissent dans le cadre du mandat qui leur a été confié par le biais du suffrage universel ? Quelles sont leurs préoccupations principales en tant qu’acteurs politiques en prise directe avec les problèmes quotidiens du très grand nombre et comment réagissent-ils face à la montée des sollicitations de leurs concitoyens ?

L’objet de cette intervention, issue d’une étude qualitative réalisée en 2003-2004, est d’analyser l’idée que les élus interrogés se font de leur action concrète et de l’impact de leurs décisions au sein de la vie collective. Le dispositif empirique de l’enquête était composé d’une cinquantaine d’entretiens semi-directifs répartis sur l’ensemble du territoire national et prenant en compte la diversité de l’appartenance politique des élus.

Quinze ans plus tard, alors que le pays est bousculé par le mouvement inclassable des gilets jaunes, les édiles de la République sont envoyés en première ligne pour résoudre, ou du moins, pour amortir la crise politique. Nous espérons que ce texte puisse contribuer à éclairer les origines du malaise social en France qui s’est accumulé depuis plusieurs années. (MV)

Une action concrète

Les missions des élus territoriaux sont d’une importance considérable dans la vie quotidienne des citoyens. Tout mandat de proximité est un mandat d’action directe, de réactivité placée sous le signe de l’urgence, de prise en charge souvent improvisée des problèmes « ordinaires ». L’offre politique locale rencontre une demande sociale diversifiée, exigeante, impossible à satisfaire intégralement, mais en même temps, indispensable à traiter ici et maintenant, et impartialement. Que l’on soit maire de petite commune rurale, conseiller régional ou député-maire d’une grande ville parisienne, on pense être au centre de l’espace social, jouant le rôle d’interface entre les pouvoirs publics et les administrés. Ce n’est qu’ensuite que des nuances d’appréciation apparaissent selon la nature du mandat (local-local ; local-régional ; local-national), les dispositions professionnelles ou générationelles de l’élu, son positionnement politique et idéologique.

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Midi Magazine, une émission de Philippe Arondel

« Management: un pouvoir vertical en crise », avec pour invité Michel Vakaloulis, maître de conférences en sciences politiques à l’Université Paris 8, pour son livre Du pouvoir vertical aux pouvoirs partagés (avec Hervé Sérieyx) paru aux Editions de l’Atelier.

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Du pouvoir vertical aux pouvoirs partagés« C’est précisément parce que nous allons vers un monde profondément chamboulé par des forces qui nous échappent que nous ne pouvons plus nous contenter de la vista des capitaines : toute l’intelligence collective des membres de l’équipage sera dorénavant nécessaire pour inventer dans cet environnement bouleversé les conditions neuves d’une vie bonne pour tous. Cela requiert un travail politique de réélaboration du perceptible et du possible pour créer une nouvelle dynamique de transformation sociale.

Les rapports entre le pouvoir vertical et les pouvoirs horizontaux évoluent partout, composant de nouveaux types de pouvoirs partagés. Dans l’entreprise, l’écart entre un discours officiel qui va dans ce sens et des pratiques qui souvent le contredisent crée dysfonctionnements et malaises, caractéristiques des périodes de transition. Mais au moment où les pouvoirs régaliens du capitalisme d’entreprise laissent le salarié individuel fort démuni, l’efficacité productive fait de plus en plus appel à l’autonomie et à la maîtrise du temps, à la recherche d’identité et de sens au travail et à la vie, et, partant, à de nouvelles relations de pouvoir faire ensemble.

Au niveau des territoires, dans le monde associatif et autour de la résolution de nombreuses problématiques sociales s’inventent de nouvelles pratiques, d’autres démarches collaboratives qui dépendent moins des ordres donnés par un chef que d’actions de facilitation, d’écoute, d’accompagnement visant à rendre chacun co-acteur d’un projet collectif. Les concepts clefs de ces nouvelles pratiques s’appellent coopération, association, collaboration, mutualisation et « empouvoirment ».

On mesure combien, dans ces pratiques neuves, s’avère essentiel le rôle quasi artisanal du boulanger qui fait lever cette intelligence collective, du jardinier qui fait pousser et croise les talents et du tisserand qui tisse le complexus de leur diversité ; et combien ces profils sont éloignés d’un management purement hiérarchique, voire d’une attitude jupitérienne. » (Hervé Sérieyx, Michel Vakaloulis)

 

Week-end Direct, du samedi 19 janvier 2019, présenté par Céline Pitelet, sur BFMTV. 

Invités : Michel Vakaloulis, sociologue, maître de conférences des universités en sciences politiques, Benjamin Cauchy, porte-parole des « gilets jaunes libres », Dominique Rizet, consultant police-justice de BFMTV, Jean-François Mbaye, député LaRem du Val-de-Marne, Jean-Christophe Gallien, président de JCGA, politologue et communicant.

 

 

Week-end Direct, samedi 22 décembre 2018, présenté par Céline Pitelet, sur BFMTV.  Avec Thierry Vedel, chercheur CNRS à Sciences Po, Michel Vakaloulis, enseignant chercheur en sociologie politique, Dominique Rizet, consultant police-justice BFMTV.

 

64 minutes, Le Monde en français, une émission présentée par Xavier Lambrechts sur TV5Monde

Invité: Michel Vakaloulis, dimanche 2 décembre 2018

Au lendemain des scènes de violences et de guérilla urbaine à Paris, le philosophe et sociologue Michel Vakaloulis analyse la situation et ses conséquences. Son dernier ouvrage, publié début 2018 s’intitule « Du pouvoir vertical aux pouvoirs partagés » (avec Hervé Sérieyx, Editions de l’Atelier). Quelle réponse politique face au mouvement inédit des gilets jaunes?

Gilets jaunes

Par Michel Vakaloulis

Ce texte est extrait d’une étude inédite sur les rapports entre mouvements sociaux et citoyens, syndicats et partis politiques.

Une appellation controversée

Parler de « mouvement social », c’est parler d’un objet controversé et hautement problématique. Sa consistance est réputée indécise, sinon innommable. Ses usages sont multiples et évolutifs, ses frontières sont révisables, et en partie, méconnaissables. Certaines acceptions y incluent toute séquence d’action collective concertée en vue de défendre une cause ou de se battre contre une injustice. Qu’est-ce qui relierait concrètement ces formes d’engagement ? C’est la volonté d’agir directement, en tant que personne sensible au destin collectif, au lieu de se leurrer dans des formes d’interpassivité (Slavoj Zizek) où le sujet a l’impression d’être actif par le biais d’un autre sujet (ou d’un procédé) qui fait le travail à sa place.

D’autres acceptions, plus restrictives, insistent sur l’aspect « nébuleuse » des activismes qui composent le « mouvement social ». Ces activismes tendent à s’autonomiser des formations partisanes tout en se situant aux confins du politique et du social. Ils occupent, pour ainsi dire, une position interstitielle qu’ils ne peuvent pas franchir sous peine de se voir aspirés par le « débouché politique ». Sans représenter des mouvements proprement politiques, ils remettent en mouvement le jeu politique en s’inscrivant dans une logique de conquête de nouveaux droits et de transformation sociale. Chaque activisme considéré distinctement ne porte pas en soi une vision globale de la société. Il contribue pourtant, par roulement ou simultanément, à entretenir la croyance à la permanence du conflit social, à accréditer l’idée d’un mouvement d’ensemble, irréductible à la simple juxtaposition des résistances qui seraient empilées les unes sur les autres.

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Le Grand Dossier, une émission présentée par Hélène Lecomte sur LCI, mardi 20 novembre 2018.

Invités: Bruno Cautrès, chercheur CNRS au CEVIPOF, Christine Clerc, journaliste politique, Sophie Fay, journaliste à L’Obs, Renaud Pila, journaliste LCI, Michel Vakaloulis, docteur en philosophie et sociologue.

Voir l’émission en replay

Le grand dossier - LCI 20-novembre 2018